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Enceintes grecques Matter , rencontre avec les « Anti-Matter »
#1
Heart 
Si vous avez suivi un peu le fil de mes installations, vous aurez remarqué que j’ai navigué dans pas mal d’eaux différentes coté amplification, d’un extrême à l’autre, et continue à pratiquer ces extrêmes pour garder  les qualités de chaque solution, mais aussi bien en comprendre les limites, avec en jeu les blocs Ypsilon Aelius, un Soulution 511 et des blocs SE Coincident en 845, mon vénérable Cayin 500, après bien d’autres. 

J’ai pu trancher les choses dans le vif coté source avec l’adoption du MSB Référence avec son Digital Director et solution de lecture réseau usb / optique de la marque, ne plus se poser trop de questions sur la partie numérique de l’installation est un soulagement indescriptible même si il reste toujours des marges de progression je n’en doute pas, mais franchissant des limites d’objectivité qui font plus mal aux cheveux et à la qualité du sommeil nocturne. 

De même coté câbles, les essais comparatifs menés lorsque j’ai terminé ma pièce d’écoute m’ont conduit à trancher en faveur des réalisations Ypsilon à presque tous les étages, glanés en seconde main auprès de personnes qui ont de l’oreille autant que de passion, qui souvent ont fait beaucoup de comparaisons avant de faire ce choix. 
On peut faire différent, peut être mieux , on peut faire beaucoup moins onéreux bien évidemment,  plus aussi dans les marques à « gammes » faites pour plumer par la notion d’upgrade permanent que je ne supporte plus… alors qu’au final les Ypsilon me sont apparu assez uniques, versatiles, performants et respectueux de la musique pour là aussi avoir un certain soulagement à ne plus courir après les comparaisons et essais. 

Côté enceintes ces derniers mois furent un peu l’objet d’une escalade des essais et comparaisons , par curiosité, pour mieux connaître ma pièce d’écoute et ses qualités autant que ses limites, pour varier les écoutes, pour ne pas tomber trop vite dans une forme de choix définitif d’un truc trop cher , perdant de la valeur trop vite dans le marché actuel, devenant quasi inamovible sans pertes démesurées, et qui ne réponde pas forcément à toutes mes attentes subjectives. 
Vu que la perfection des chiffres d’un matériel audio ne représente pas un idéal auditif ni une marque d’universalité,  il est sage de prendre du recul avant d’éventuellement mettre tous ses rêves dans une seule réalité, même si le monde moderne peut considérer les divorces comme plus communs que les mariages…

Vivid G1, Egglestonworks Andra3, Leedh E2 glass et caisson, et plus récemment des Tune Audio Anima pour parfaire le jeu sur le haut rendement, sans compter le passage momentané par les Magico A5 et Avantgarde Uno XD, c’est riche, inhabituel, osé, fou, mégalo, digne d’un brocanteur… tous les qualificatifs sont possibles et j’en ai les oreilles qui sifflent mais peu importe, la réalité est que peu ont cette chance de mettre en œuvre des matériels si différents dans des conditions identiques, assez discriminantes et sans parti prix aucun. 
Au final mon plaisir tout simplement, des passages temporaires de ma quête personnelle que j’essaie de partager à mon niveau pour donner quelques idées, pistes de réflexion éventuelles. 

Alors pourquoi  commencer ce sujet par cette liste de courses, que l’on pourrait trouver un peu narcissique, auto centrée?… et bien pour mieux comprendre ce qui m’a amené à faire l’essai qui suit et vous en parler ici, parce que rien n’est vraiment le fruit du hasard dans ma démarche, plutôt le fruit d’une continuité dans les découvertes et compréhension de ce qui fait la réussite d’une quête en hifi: la cohérence. 
Je ne suis pas ambassadeur d’une marque et ne le serai probablement jamais, pas dans mon état d’esprit ce n’est pas le type de partage que j’envisage dans cette passion, donc c’est ici un simple essai partagé, un témoignage pour la simple et bonne raison que le produit le mérite, ni plus ni moins. 

Combien d’assemblages hasardeux de matériels divers sans pleine cohérence dans le hobby qui nous habite ; si nous étions pleinement cohérents nous même nous prendrions directement la direction d’un système complet éprouvé, par un fabricant, par une échoppe qui aurait travaillé le sujet, par la copie d’un système écouté ailleurs (chose que j’ai partiellement réalisé à plusieurs reprises après comparaisons directe et sans regrets trop notables).
Mais dans les faits, l’on est rarement dans cette situation, et la pièce d’écoute faisant partie intégrante du système aucune garantie de parfaite adéquation n’existe au final, aucune universalité. 
Et les attentes subjectives, sensibilités de chacun , viennent percuter la réalité du tout ficelé, des arguments et choix des autres, tout comme notre dose de changite, d’insatisfaction chronique faute de parfaite cohérence et satisfaction de nos attentes peuvent fragiliser toute pérennité. 

Revenons donc à la réalité de mon système pluriel…. 
Entre les extrêmes que peuvent être les blocs mono SE à tube de 30 watts sans contre réaction en alim linéaire et les 2000 Watts par canal de puissance impulsionnelle avec un facteur d’amortissement de 10000 en alim à découpage du bloc Soulution, les Ypsilon Aelius tendent à s’imposer dans les écoutes comme le compromis qui touche le mieux du doigt mes attentes, avec assez de versatilité pour se jouer de 82 ou 109db de rendement, tant que j’évite Magico et sa charge dans le grave qui définit à l’avance quelle amplification l’on va devoir choisir pour exploiter les enceintes à leur juste valeur, capacité, au risque d’investir beaucoup dans les enceintes pour un résultat partiel dans la restitution sonore, appelons un chat un chat. 
Le câblage Ypsilon participe forcément à assurer un étage de cohérence supplémentaire, et la source me semble assez naturelle dans sa restitution, sans signature sonore notable vu l’absence d’étage de sortie analogique, pour s’associer à tout ce qui sera assez cohérent pour accepter cette riche et fouillée neutralité. 

Quand on sait que Ypsilon rime avec transfos et fils de cablage maison très qualitatifs et reconnus mondialement y compris au travers d’autres marques prestigieuses ayant fait appel à eux pour leurs propres fabrications, cela fait songer inévitablement à ce que serait un système tout Ypsilon….

Quand j’ai appris que dans le petit monde grec d’Ypsilon Demetris Backlavas travaillait de concert avec son ami Fanis Lagkadinos, qui n’est autre que le fabricant des confidentiels câbles d’Ypsilon, et que ce / ces derniers s’étaient lancés dans la conception d’une paire d’enceintes mises au point avec les électroniques et cablages de la marque, dans la même philosophie de restitution et mise au point technique, j’en fus intéressé et intrigué , d’autant plus que le concept est basé sur le panneau plan que je n’ai pas eu le loisir d’essayer chez moi pour le moment. 

C’est ainsi sour la marque Matter que les « Anti-Matter » sont nées, présentées cette année au salon de Munich. 
Et cela devrait s’accompagner à terme d’une mise en disponibilité sous la même marque des câbles qui étaient fabriqué pour Ypsilon, de façon moins confidentielle. 

http://www.matter-oe.com/

Alors quand Musicadomia m’a proposé de profiter d’un petit créneau de disponibilité de cette paire d’enceintes inédites pour les essayer chez moi et lui livrer mes impressions, profitant au passage d’une mise en oeuvre dans une pièce différente du déjà essayé pour garnir le panel des expériences vécues avec elles, le gosse qui est en moi n’a pas pu refuser. 

[Image: wf8n.jpeg]

[Image: lhfh.jpeg]

Joël ayant fait une belle présentation des enceintes sur Six Lunes (à paraître dans Audiophile Magazine en juin), je vous renvoie vers son banc d’essai ci dessous, je m’efforcerai de mon coté de compléter cela par mon expérience personnelle.

https://6moons.com/audioreview_articles/...ti-matter/

Spécifications techniques :

Sensibilité : 90 db / 2,83Volt
Impédance :-  8 Ohm / 120Hz-20KHz ( medium aigu, presque stable avec des fluctuations mineures)
- 4 Ohm / 30-120Hz (basses, avec un minimum de 2,4 Ohms à 53Hz) 
SPL maximum / 1m : 110db
Deux woofers de 15 pouces origine SB Acoustics
Un medium de 6 pouces Satori SB Acoustics 
Tweeter à ruban fabriqué par Matter. 
Dimensions : 136 cm de hauteur * 53 cm de largeur * 47 cm de profondeur
Poids net : 37 kg / unité
Poids d'expédition : 80 kg / unité
Déflecteurs et matériau du cadre : contreplaqué de bouleau  
Câblage: MATTER conducteurs en argent pur 4N
Terminaisons : connecteurs WBT Nextgen
Montage au sol : pointes et pieds en acier inoxydable par "Artesania Audio"
Couleur standard : Naturel (finition en placage de chêne)
Personnalisation des couleurs : palette de couleurs RAL
Cadre : placage de chêne de couleur noire infusé d'huile (standard)
Prix: 34000€ la paire

Le panneau des deux 38 est incliné, le tweeter à hauteur d’oreille et le medium au dessus, l’ensemble fonctionnant en dipôle de par la conception, mettant l’enceinte électrodynamique classique dans le mode de fonctionnement des électrostatiques. 
Leur conception repose avant tout sur l’expressivité et capacité du tweeter à ruban maison, avec des filtrages à 6db assumés et dont les hp sont capables afin d’assurer une absence de rupture entre les registres, une continuité au service de la musique avec des composants qualitatifs sur le trajet du signal et le plus de spontanéité possible, ainsi qu’une volonté de pouvoir adapter l’enceinte aux conditions d’écoute de chacun, via des possibilités d’ajustement du filtrage et niveau sonore délivré par le tweeter et le medium. 
La philosophie Ypsilon transpire dans le concept, selfs maison, pas de simples potar de réglage mais des changements de connexion au niveau du filtre pour aller chercher différents circuits de résistance ou de positionnement sur les selfs pour les ajustements afin de conserver toute la transparence dont l’enceinte est capable, le tout avec un cablage interne en argent 4N maison, y compris sur le strapp entre les borniers de bicablage prédisposé en interne derrière lesdits borniers pour une liaison à perte et impact sonore minimal. 
On ne peut que saluer le concept qui se base sur la réalité de chacun, à savoir qu’on ne peut que rarement ajuster la pièce aux enceintes…. cela donnera un peu de boulot de mise au point in situ entre le vendeur et l’acheteur, mais ça aussi c’est dans l’ADN des compères grecs, ne pas faire du tout venant figé dans la standardisation et avec lequel on doit composer sans marge de manœuvre.

[Image: 591n.jpeg]

Il est toujours important de se projeter dans la mise en oeuvre de dipôles je pense, dont la restitution va être inévitablement influencée par la distance au mur arrière et la disponibilité d’espace dans la pièce, on oublie de suite toute mise en place à gauche et à droite de la télé collé au mur... 
Je partais avec des aprioris à la fois positifs et négatifs, mais difficile à bien caractériser sans mise en oeuvre par soi même, il y a les théories et leur importance relative dans la pratique. 

Néanmoins ayant réalisé ma pièce d’écoute sur des mesures très objectives, avec des Bass trapp latéraux, de l’absorption derrière les enceintes et arrière de la zone d’écoute pour entendre les enceintes et non une rediffusion par les murs, beaucoup de diffusion / diffraction pour avoir un champs réverbéré homogène et diffus, un RT bas pour pouvoir écarter les enceintes et créer une image panoramique tout en évitant d’écouter dans le champs réverbéré, très peu de trainage dans le grave… je partais franchement confiant sur une moindre incidence des ondes arrières des enceintes sur le champs direct, même si la plupart des témoignages dans les faits tendent à montrer qu’avec un bon positionnement et mise en oeuvre l’on entend pas de défaut prononcés à l’écoute d’un panneau plan et cela s’est confirmé à priori sur tous les essais menés pour le moment avec ces Anti Matter. 
Au fond l’on revient à un principe de mise en oeuvre d’une électrostatique, en plus « dynamique ». 

J’avais l’idée préconçue d’un possible manque de grave par l’absence de charge des hp, d’un coté montant potentiel avec un tweeter positionné en face de l’auditeur sans configuration d’appolito dans le medium, d’un aigu potentiellement peu vivant et un peu fade vu qu’en ruban  seuls les AMT m’ont donné la sensation de suivre des HP dynamiques classiques jusqu’alors… 
C’était sans compter sur le travail réalisé sur ces Matter par leurs concepteurs, qui me semblent aller plus loin dans le raffinement et l’humanité perçue que ce que j’ai pu entendre jusqu’à présent, et de loin même.

Le conseil donné pour ces enceintes est de disposer de 1.2m de recul entre l’arrière du panneau medium aigu et le mur arrière, distance classique pour avoir un grave modulé, et de ne pas aller sous 80cm pour éviter un gonflement nuisible à la lisibilité du grave par room gain supérieur à ce que l’on aurait avec une enceinte ne faisant pas rayonner deux 38 directement sur le mur arrière. 
Pas mal de positionnements latéraux ont été faits en faisant croiser les enceintes plutôt derrière l’auditeur, aspect que je ne partage pas du tout dans mes conditions d’écoute. 

Après différents essais de positionnement j’en suis arrivé à les placer à 1.2m du mur arrière, meilleur compromis dans le grave, plus de proximité provoquant dans mes conditions plutot un excès d’embonpoint et perte de lisibilité, la préconisation est donc conforme. 
Elles sont écartées de 3.4m pour une distance à l’auditeur de 3.7m environ.

Je les ai fait finalement croiser juste devant l’auditeur, au niveau de mon (long) nez. 
J’essaie de vous expliquer pourquoi, de ce que j’en analyse. 
Ma pièce fait 7m de long, le point d’écoute n’est pas proche des murs arrière pour éviter les perturbations liées à cette proximité, et avec les enceintes avancées de 1.2m  je constitue un triangle isocèle par très éloigné de l’équilatéral, 30cm de plus entre moi et les enceintes qu’entre les tweeters des deux enceintes, j’écoute dans le champs direct, pas plus en recul dans le champs réverbéré, avec le RT à 0.2s je n’ai aucune perturbation notable de la piece dans le medium aigu et perçois très bien les pertes de richesse tonale. 

Les Matter délivrent une telle richesse, expressivité depuis le tweeter à ruban, que je sens nettement la perte de richesse quand j’ouvre les enceintes vers l’extérieur. 
L’écoute devient trop directive, plus pauvre, et les extraordinaires qualités dont elles sont capables sur une voix ou un instrument acoustique bien capté s’atténuent rapidement. 
Dans ces conditions ouvertes si je me recule de 1m coté point d’écoute j’ai une très belle profondeur sur du symphonique avec une écoute globale assez riche et précise, mais je suis dans un choix d’écoute plus en champs réverbéré avec une influence du mur arrière dans cette perception, et les timbres restent plus dilués. 

Mon écoute est un peu plus « monitor » donc, et demande à ramener le croisement vers l’auditeur, enceintes bien écartées car la pièce le permet pour l’ampleur, et le meilleur croisement chez moi se trouve juste devant l’auditeur, on obtient ainsi la profondeur , ampleur et totale cohérence et incarnation de l’image entre les d'enceintes sur tous types de musique, avec toute la richesse tonale sur les petites formations, voix et instruments solos.

Cela m’amène aux qualités perçues au fil de mes écoutes avec les Aelius. 
Je vous le dis avec la plus grande franchise, ce tweeter réalisé par Matter, en conjonction avec le filtrage, les bobinages spécifiques qui l’accompagnent, est un plaisir de tous les instants. 
Et cette petite oeuvre d’art est d’autant mieux mise en valeur qu’à aucun moment l’on a la sensation de discontinuité ou incohérence entre les registres. 
Il arrive à être vif et percutant mais sans projeter, tout en douceur, il chatoie avec tant de subtilité, de fraîcheur, d’air, de piqué, mais sans jamais surjouer où briller artificiellement. 
Il ne projette pas mais donne plus de vie, d’énergie et de richesse que tous les rubans classiques que j’ai entendu à ce jour, avec moins de matité un peu trop polie que bien des électrostatiques.

Personnellement je ne suis pas amateur de projection du son dans le sens où je n’aime pas me faire agresser gratuitement, je tiens à mon audition et à un certain confort d’écoute mais sans m’ennuyer pour autant, et de la même manière qu’on aurait pas l’idée de jouer de la trompette à 3m d’un auditeur dans un salon de 30m2, je considère que les enceintes doivent être pensées et positionnées dans une optique de compromis, et j’apprécie beaucoup celui obtenu avec les Matter qui permettent de ressentir toutes les nuances de l’instrument avec de l’énergie, une projection naturelle légèrement atténuée et pas une projection brute finalement artificiellement fatigante parce que trop prêt des enceintes. 
Bien sûr arriver au parfait compromis est un tout de la piste à la piece d’écoute mais avec un tweeter de cette qualité l’on pose une base difficile à distancer vu toutes les cases cochées. 
Je ne peux que féliciter le fabricant pour son travail exemplaire qui remet en place d’une part l’importance du tweeter sur une enceinte, l’importance de son intégration, de sa mise en valeur, et d’autre part ce que l’on peut faire d’anticonformiste en la matière avec un tel savoir faire. 

Le pouvoir d’analyse et de richesse tonale, de transmission des plus petites informations qui font le frotté des cordes, le soufflé des vents, montre à quel point l’on peut rendre justice à des prises de son et interprétations soignées, fouillées très loin mais très naturellement par le MSB Référence et Director. 
Là dessus par exemple les A5 donnait un résultat fouillé mais pas si harmonieux, énergique et un peu projeté comme si la Magico fouillait l’enregistrement implacablement et la Matter fouillait l’interprétation avec plus d’élégance et moins de mise en relief des subtilités techniques de l’enregistrement. 
On pouvait vite avoir envie de limiter l’analyse apportée par le filtre avancé du Digital Director sur les Magico, là non. 
La quantité de musique délivrée est supérieure sans conteste, avec cette sensation que la musique passe avant l’enregistrement, et c’est bien cet équilibre subtile qui compte pour moi au stade où j’en suis de l’appréciation de mon système.

Le medium bien que haut ne se fait pas entendre comme détaché du reste, tout est parfaitement intégré et sans rupture, le Satori avec sa membrane papyrus ne déçoit pas, expressif, habité, riche, son positionnement au final avec le filtrage employé permet une belle ampleur et hauteur à la restitution sans dénaturer l’image sonore, c’est sans reproche alors que sa position haute sur l’enceinte pouvait faire un peu peur, mais le filtrage est bien ajusté pour assurer la fusion douce de l’ensemble.

Cela est dû aussi bien entendu à la cohérence obtenue entre l’amplification Ypsilon et les Matter, cette cohérence n’était pas vraiment au rendez vous d’une association Ypsilon Magico sur lesquelles le manque de maitrise était plus palpable et les qualités de l’amplification Ypsilon moins mises en valeur ; la grande maitrise et analyse du bloc Soulution équilibrait parfaitement les Magico avec fluidité et richesse supérieure mais en laissant moins de place à une forme de naturel , de spontanéité dans le développement des timbres, le passage de l’émotion du réel.
On arrive un peu dans un choix d’écoute, un peu dans les meilleures synergies matérielles pour y croire totalement, comme si la sensation de parfaite analyse et fidélité à l’enregistrement ne suffisait pas, qu’un truc ou deux de moins sur le trajet du signal pouvait convaincre l’oreille que c’est plus vrai et que cela devienne plus important. 
Un joker tout de même, je n’avais pas les cables hp Ypsilon quand j’avais les Magico, mais je ne pense pas que cela aurait changé la perception ici présente, ayant bien sûr essayé le Soulution sur les Matter avec un résultat excellent, mieux contrôlé, mais moins cohérent et « libre » qu’avec les blocs Ypsilon. 
Le choix d’association pourrait se tenir, mais il ne serait pas si cohérent et dans le but visé par le concepteur, le besoin de contrôle n’est pas le même et le nuancement du grave controlé d’une Magico peut je pense dans les meilleures conditions aller plus loin que les 38 papier, sans toutefois donner tout le coté physique, percutant des 38 en panneau plan. 

J’en oublierais presque la force première des panneaux, la rapidité, l’immédiateté, la percussion.
C’est frappant, aucun son de boite, aucune retenue dans la vitesse d’établissement des sons, l’enceinte est d’une spontanéité désarmante.
Et dans mon acoustique elle ne vrille jamais les tympans, toute cette lisibilité et rapidité est perçue sans fatiguer y compris sur des prises de son anciennes pas toujours parfaites, cela reste toujours habité, à la fois vif et dense.
À conditions égales mes Vivid G1 sont plus sèches et moins riches en couleurs, distancées sur cet aspect, ne se rattrapant que sur l’ampleur dans l’espace de l’image sonore avec le medium à dome, la plage dynamique possible et la descente dans l’extrême grave mais avec moins de ce coté percutant que seuls les 38 savent donner, moins d’immédiateté.
Difficile de ne pas percevoir ici les limites du filtrage complexe des Vivid, qui font payer leurs grandes qualités par un recul sur le champs de la richesse tonale. Mais l’écart sur la lisibilité sur des pistes complexe est mince, alors que c’est une force des Vivid. 
Elles conservent un avantage de ce coté mais plus lié à mon acoustique qu’à la conception 4 voies de l’enceinte face aux 3 voies de la Matter. 
La Vivid s’avouera vaincue plus haut en niveau sonore par contre, mais c’est déjà au delà du raisonnable. 

Dans le bas du spectre, les 38 m’ont surpris par leur descente, le niveau est là jusque 30hz comme annoncé, à l’oreille au moins car j’ai passé le peu de temps disponible à l’écoute et n’ai pas sorti le micro, qui aurait probablement montré quelques difficultés de régularité dans le grave .  Sous 30hz la chute est nette avec l’absence de charge, on revient dans le domaine privilégié des Andra ou des Vivid cette fois. Mais c’est au final rarement gênant. 
Je retrouve dans les 38 les sensations procurées par les 46 de mes caissons, que ne savent pas donner les 25 ou 30 de mes autres enceintes, ce coté percutant, naturel et en même temps un poil rond dans le bas grave des grosses gamelles papier. 
La somme du tout fait pencher en leur faveur sur le naturel percussif de la musique je trouve, dans mon espace et positionnement les pistes assez grasses dans le bas du spectre se trouvent paradoxalement un peu trop gonflées par toute cette surface émissive de quatre 38 qu’avec mes autres enceintes.
Je spéculerais sur un mix de plusieurs choses, d’une part si l’enregistrement n’est pas poussé dans le bas du spectre alors rien n’est perceptible ni gênant à l’écoute, d’autre part la pièce traitée met certainement un peu en retrait le medium aigu face à des pièces plus classiques et donc laisse plus de place à l’énergie donnée par tous les 38 en dipole, je viens peut être titiller un peu un mode autour de 80hz, et j’entends un peu ce caractère typique des 38 papier, cette petite rondeur accompagnant le coté rapide et percutant sous 100hz qui se matérialise ici de façon un peu amplifiée. 
Je n’ai pas utilisé mes subs durant les écoutes, il aurait fallu les calibrer aux mesures et vu l’excès de densité autour de 80hz déjà présent cela n’aurait rien apporté sans d’abord trouver un meilleur compromis sur les enceintes. 
En effet je n’utilise mes subs qu’en complément discret des enceintes. Bien sûr ils apporteraient un complément très intéressant dans l’extrême grave avec les Matter (il faut entendre certaines pistes sur le couple Vivid / caissons bien réglé dans cette pièce pour comprendre ce qui est possible en terme de lisibilité dans le grave). 

A priori les expériences dans des pièces plus classiques ou n’allant pas si loin dans le traitement tendent à l’inverse à témoigner d’un grave percutant et mesuré, comme quoi tirer des conclusions générales sur cet aspect serait peu adapté. 
Mais une enceinte dans une pièce c’est un résultat, qui ne sera jamais exactement celui dans une pièce différente, d’autant plus avec l’aspect dipôle des 38. Et la pièce traitée offre son double effet Kiss Cool, elle montre mieux certaines limites objectives en même temps qu’elle permet l’expression des qualités d’une mise en oeuvre. 

[Image: t5tg.png]
Qobuz
Pour imager sur quelques pistes, Trio  Karenine , Chostakovitch, Dvorak , Weinberg . 
C’est un album dynamique et micro dynamique, violon raffiné et vif sans une once d’agressivité, limpide et riche tonalement, lisibilité surprenante des petites informations dynamiques du piano, très naturel, tout est varié, fluide, riche, piqué sans être piquant, très très agréable à écouter, à vivre, la matière sonore s’installe dans l’atmosphère de la Maladrerie Saint Lazard dans une continuité d’un naturel confondant, c’est si spontané, plus vivant qu’un électrostatique tout en restant très cohérent. 
Il n’est pas rare que cet album apparaisse un peu trop sec, voir un peu agressif avec le niveau d’analyse du dac MSB, ou à l’inverse un peu trop polissé avec une source arrondissant les angles, rien de cela ici et les Matter rendent vraiment justice à cet enregistrement live acoustique.

[Image: w16o.png]

La densité et résolution des notes basses de la double basse de Petru Luga surprennent positivement dans mon acoustique plutôt performante dans le grave, la prise de son n’exagère pas la densité du registre par excès de proximité sinon dans mes conditions cela aurait été un peu exacerbé avec les 38. 

[Image: 0nke.png]

Sur Paradis Perdus de Christine and the queen, le grave est tendu, percutant, assez dense mais nuancé, sans sensation de manque, le vocal ne prête pas à critique même si nous sommes sur une musique amplifiée. 

[Image: 6ixc.png]

Sur fifty fifty de Jonasz a la cigale en 88 l’ampleur et profondeur n’est pas celle du medium à dome Vivid mais le piqué, la densité, le coté vivant percutant est un peu au dessus des g1, ce sans projeter, c’est un peu plus doux et plus vivant à la fois que les Vivid. Sur le temps passé qui est un peu une piste test de passage de la première octave, on atteint la limite des 30hz sous laquelle il faut du niveau pour entendre la densité physique des notes les plus basses, petit manque donc face aux Vivid ou Andra, mais l’aspect percussif de la basse, et l’ambiance de la salle sont excellents et tant que l’on ne descend pas trop sous les 30hz tout est au bon niveau. 

[Image: llfd.png]

[Image: 2rxz.png]

Sur Zefiro Torna (lien Qobuz) dans l’album de Michel Godard,  A trace of grace, le rendu tant des instruments que des voix est palpable, vif, dense, bien lisible et riche tonalement avec une bonne sensation de naturel, de vie, sans devenir criard ou projeté, ce qui n’est pas évident à passer avec du niveau . 
Le tweeter joue un rôle central dans cette perception que je considère musicalement d’exception. Il en va de même sur Impermanence dans l’album le concert des parfums. (lien Qobuz)

[Image: 4chf.png]
Qobuz

Sur un Violoncelle bien capté avec un jeu habité, tel cet album de Claire Giardelli, les vibrations de corde, subtilité du jeu de l’artiste, ressortent avec richesse tonale, lisibilité, plausibilité digne des meilleures mises en oeuvre de medium aigu que j’ai entendu, le son de caisse est vibrant, nuancé à souhait dans le bas medium haut grave, soutenu par une excellente continuité entre les registres dans le haut, sans rupture ni changement dans la restitution tonale de l’instrument selon le registre joué.

[Image: xk6u.jpeg]

En conclusion, je dirais que j’ai beaucoup apprécié l’essai des enceintes Matter, elles ont réussi paradoxalement à m’offrir pas mal de qualités que je retrouve respectivement dans mes autres enceintes, des qualités parfois antinomiques comme la lisibilité des petites informations et vie d’enceintes de rendement plus élevé, le coté percussif de mes subs, le coté délié sans son de boite et posé des Leedh, et une faculté d’analyse en particulier dans le haut du spectre se plaçant plus proche d’une Magico actuelle que de mes Vivid, avec des choses en plus en terme de naturel perçu, de plausibilité de perception du jeu des instruments et voix dans leur aspect émotionnel, moins dans l’analyse pure de l’enregistrement mais plus dans un rapprochement à la musique elle même, arrivant à nous faire sentir plus proche d’elle sans être pour autant planté derrière la console de l’ingé son. 

Est ce que je pourrais vivre avec elles, oui sans le moindre doute. 
Elles ont un prix qui peut paraître élevé pour des « panneaux de contreplaqué », ou à l’inverse bien positionné vu la prestation sonore face à des concurrentes coûtant plus, tout est relatif comme toujours, mais ne pas oublier que l’apparence typique du panneau plan qui visuellement place ce type d’enceinte toutes sur un même … plan… masque une mise au point avec des éléments uniques plus coûteux qu’à l’habitude directement responsables de la prestation sonore, et des possibilités d’ajustement à la pièce d’écoute embarquées coté filtre sans nuire à la prestation sonore finale par un chemin moins direct du signal (la richesse tonale va bien au delà de ce que peuvent faire mes Tune Audio par exemple). 
La cohérence, maître mot de cet essai, est entière avec les Ypsilon Aelius et câblage associé, c’est notable, probablement la meilleure mise en valeur de mes blocs entendue à ce jour. 

La seule limite dans mon espace est que bien positionnées elles surdensifient un peu la zone vers 80hz quand les enregistrements sont épais à ces fréquences, mais ce n’est pas une chose constatée ailleurs et cela demanderait à passer du temps pour les positionner plus finement mesures à l’appui comme je l’avais fait pour les Vivid et Egglestonworks. 
De plus le fabricant pourrait aller jusqu’à adapter un peu plus le filtrage aux conditions spécifiques  d’une mise en oeuvre « sur mesures ». 
Je pense donc que ce ne sont pas des enceintes qui se font livrer par DB  Schenker après écoute dans un audito de magasin, elles se mettent en place et s’essaient avec la personne qui sait les mettre en œuvre et les ajuster aux besoins de chaque pièce voir de chaque auditeur dans ses conditions propres, afin de faire un choix de raison une fois touché par la passion qu’elles peuvent provoquer in situ. 
Cette démarche est conforme je pense à ce qui a motivé leur mise au point, tout comme cela devrait être la démarche des personnes qui les vendront, forcément. 

Est ce que mon ami qui est passé les écouter à la maison pourrait vivre avec… je crois qu’il a été séduit au point , oh désespoir, de regretter de ne pas avoir une pièce assez grande pour les mettre en oeuvre. 

A essayer sans apriori donc, mais avec conscience de ce dont elles ont besoin pour s’exprimer sans mauvaise influence, afin de découvrir la matière offerte par l’Anti Matière ! 

[Image: wn1n.jpeg]
La hifi est femme. Imparfaite par nature, on la choisit pour ce qu'elle a, pas pour ce qu'elle dit avoir. Mais si on voit ses défauts avant ses qualités, on est pas fait pour en avoir une, mieux vaut se soulager sous la douche, en écoutant la radio.

Ventes  à venir ou en cours (MP si intéressé pour en discuter): Leedh E2 Glass + caisson 20.1, Coincident Statement Linestage, blocs mono Coincident SE845 Turbo
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#2
Super CR Nico ! Ça donne envie d’écouter. Mais bon, impossible de les imaginer dans mes 20m2…
NUC+Uptone JS-2, Roon, MSB Premier, Soulution 511, Magico S3 MkII, Câbles Crystal
Mon instal. : ici
Guide Acoustique : 
Playlist: Qobuz
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#3
Je tiens à te remercier sincèrement pour ton compte rendu d’écoute aussi détaillé et passionnant. 

Cela ressemble à ce que propose pure audioproject il me semble ?
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#4
Bonjour Nicoben
C’est un monument que tu nous livres là, je l’ai lu deux fois et me suis régalé.
J’étais à des années lumière d’imaginer que ce type d’enceintes pouvait rivaliser avec des électrostatiques, mais tu m’as donné envie de sortir de ma zone de confort, et d’un jour avoir le plaisir d’écouter ces Anti-Matter dans mon séjour. Même si ce ne serait qu’une approche vu ton matériel en amont.
Et encore bravo pour ce superbe cr digne de Nicoben.
Bon dimanche
Alouiro
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#5
Bonjour Nico,
Excellent test qui me parle. J’aimerais vraiment les écouter.
Tu les as encore?

Bela
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#6
Bonjour à vous, merci des retours!

Hélas non elles ont fait un passage d’une petite semaine entre deux, je les aurais bien gardé plus longtemps Angel  pour objectiver un peu plus la mise en oeuvre, mais cela demande du temps et de la disponibilité, pas évident surtout en partage avec les jours de boulot. 

Effectivement il y a pas mal de réalisations, plus ou moins adaptables, réalisées sous la forme de panneaux plans, PAP en fait partie tout comme notre Bela Lugosi national.

J’ai bien sûr pensé à ton modèle phare Bela et à l’AMT Heil que j’apprécie beaucoup. Difficile de se projeter, mais le tweeter et filtrage associé réalisé par Matter m’a envouté j’avoue  Idea
La hifi est femme. Imparfaite par nature, on la choisit pour ce qu'elle a, pas pour ce qu'elle dit avoir. Mais si on voit ses défauts avant ses qualités, on est pas fait pour en avoir une, mieux vaut se soulager sous la douche, en écoutant la radio.

Ventes  à venir ou en cours (MP si intéressé pour en discuter): Leedh E2 Glass + caisson 20.1, Coincident Statement Linestage, blocs mono Coincident SE845 Turbo
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#7
Dommage, j’aurais bien aimé écouter et comparer.
A ce propos, avant que tout s’estompe, Je te prêterai bien quelques jours/semaines un de mes modèles, histoire d’avoir tes ressentis.

D’autant que mes productions ont quelques points communs avec ces AntiMatiere.
Déjà, la même architecture avec un medium qui monte assez haut.
Ensuite, le même 38cm sur les caissons Karreg et sur les premières versions des Maen-Bihan.
Et les mêmes condensateurs Duelund pour le filtrage.

Bonne soirée
Bela
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#8
Ces Matter m’ont interpellé lors de visionnage de vidéos sur Munich 2025.
Gros coup de coeur, même au travers de mon portable c’est dire.
Par rapport à la concurrence leur point fort est ce ruban maison.
Ils n’en sont pas à leur premier essai.
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#9
(05-31-2025, 07:45 PM)Bela Lugosi a écrit :
Je te prêterai bien quelques jours/semaines un de mes modèles, histoire d’avoir tes ressentis.

Ce sera avec plaisir!
La hifi est femme. Imparfaite par nature, on la choisit pour ce qu'elle a, pas pour ce qu'elle dit avoir. Mais si on voit ses défauts avant ses qualités, on est pas fait pour en avoir une, mieux vaut se soulager sous la douche, en écoutant la radio.

Ventes  à venir ou en cours (MP si intéressé pour en discuter): Leedh E2 Glass + caisson 20.1, Coincident Statement Linestage, blocs mono Coincident SE845 Turbo
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#10
Bonjour
Bravo Nico pour cet essai et son descriptif ultra précis, il fait envie par les prestations superbement décrites mais qui remettent l'église au centre quand on évoque la pièce nécessaire à i'expression de ces Matter.
Merci donc pour cette plume passionnante et cette oreille toujours aussi pointue!
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