enceintes BOENICKE W22

[pda0]

(02-13-2024, 12:37 PM)bbill a écrit : oui, ce qui est intéressant, c'est de voir 2 constructeurs très très (très) différents avec des concepts comparables..

Magico et Boenicke ? Je ne vois absolument rien de comparable sur l’approche technique, ni sur les solutions proposées. 
A quoi tu penses quand tu dis que les concepts sont comparables ?

[bbill]

on parlait juste des HP découplés.. pas plus (pour deux constructeurs, en effet, très différents)

[mishelinka]

J’ai déplacé tous les messages qui évoquaient davantage les « Magico » que les « Boenicke » dans le fil « Enceintes Magico » (http://forum-hifi.fr/thread-7082.html), en espérant ne pas trop perturber ainsi la linéarité de ce fil ci… 

[fabs35]

Bien vu , je commençais à avoir une overdose de Magico 

[choimet]

Ad nauseam !

[orfeo_monteverdi]

Pour revenir brièvement, et tardivement - désolé - sur cette belle écoute des "dispendieux" W22 (comme disent nos amis québecois), et pile la veille du salon de Munich 2024, je voudrais simplement dire que
- ceux qui ont la chance d'aller à Munich ne devront pas aller loin pour les écouter, mais les W22 seront en concurrence avec beaucoup, beaucoup d'autres belles choses.
- le prix, certes, reste impressionnant
- l'écoute est vraiment belle, et n'a que peu de rapport avec les W8 (qui ne m'enchantaient pas). Pas même une W8 en miniature.
- 3 jours avant l'écoute, j'avais assisté à la représentation de La Walkyrie, à La Monnaie à Bruxelles. J'avais longuement écouté le remaster 2022 en CD de l’interprétation de Georg Solti, formidable (plus d’infos: voir dernier §, ici). Et c'est ce disque que j'ai passé sur les W22, également réclamé par un autre auditeur: le thème d'ouverture de la tempête, puis le premier duo Sigmund & Sieglinde. On remarque beaucoup d'espace, en relief (le grave, et le tweeter arrière) ainsi qu'en hauteur, comme dit. Et dans ce vaste espace aéré, une très bonne précision, apparemment (peut-être à confirmer sur d'autres disques qui sont des références en termes de focalisation?)
- La chose vraiment originale ici, je trouve, c'est que, vu le montage à tout le moins particulier (quelles que soient ses performances aux mesures par ailleurs, on ne les connaît pas - S. Boenicke soutient "qu'elles mesurent flat, contrairement à ses autres modèles"), on obtient des voix à la fois expressives (le Supravox non-filtré en prise directe sur l'amplificateur), et qui ne sont en rien trop directes (l'inclinaison de ce medium Supravox), sans êtres floues pour autant. C'est un dosage qui m'a semblé réussi et original; je crois qu'on entend rarement pareille réunion de "caractéristiques" sur une même enceinte. Ce qui ne veut absolument pas dire qu'elle "tient la martingale" pour autant, et gagne nécessairement sur tous les tableaux face à d'autres enceintes ambitieuses.
- il ressort de la réunion (un peu surprenante, voire "baroque"?) de ces caractéristiques, autrement dispersées sur des produits différents, une sensation à la fois de confort voire de somptuosité (la luxuriance de l'espace sonore), alliée à une écoute pourtant vivante, articulée et expressive, sans le côté (parfois trop) "direct" des moniteurs (que le concepteur disait vouloir éviter; mais que, personnellement, j'aime pourtant bien; pour autant, je ne me suis pas senti frustré ici).
- une écoute en tout cas certainement plus "salle de concert" que "monitoring".- le tout, dans cette pièce d'écoute du moins, offrant un équilibre peut-être légèrement descendant, guère déplaisant, et même assez proche de ce que les bonnes salles de concert historiques, plus amorties (par opposition aux meilleures salles contemporaines), ont à offrir.
- Je les ai trouvées fort aimablement originales et éloquentes. Pas forcément péremptoirement "définitives"; en aucun cas.
- J'ai la vague impression qu'il faut toutefois le silence d'une démo à petite échelle pour faire ressortir les subtilités dont elles sont capables, mais que le niveau de bruit d'un salon, par contre, les desservira peut-être gravement.
- constat factuel: avec un DSP paramétrable dans le grave, il est évident qu'il s'est entouré d'experts techniques pour la conception de cette enceinte. Il reste est donc possible ici que la courbe de réponse en fréquence, pour ne parler que d'elle, soit en effet assez linéaire comme il l'affirme. De toute évidence, la W22 ne devrait pas avoir été conçue uniquement "à l'oreille" (ce qui ne veut pas dire pour autant qu'ils sont allés jusqu'à utiliser l'analyse par éléments finis)
- (nous avons fait une écoute d'une petite heure. Il y eut aussi un concerto pour piano de Mozart par David Frey, et d'autres belles choses; mon Wagner était ma seule référence connue; je ne me suis pas senti libre "d'imposer" d'autres de mes disques aux auditeurs)

Bref, une mélodieuse, expressive et envoûtante "curiosité" que les "Munichois" pourront découvrir sur place (en même temps que tant d'autres ;-)


(Tssss...j'avais dit "brièvement"...)

[orfeo_monteverdi]

(02-05-2024, 03:03 AM)orfeo_monteverdi a écrit : Superbe écoute (sur laquelle je reviendrai).
Un invité, mélomane-audiophile bien équipé, a même applaudi.

Écoute faite dans l'intérieur spacieux d'une vaste maison de ville. L'espace autour et derrière les enceintes permettait de profiter de la faculté des W22 à déployer une scène sonore, mais j'ai plutôt ici envie de dire un "espace sonore virtuel", d'un volume vraiment impressionnant. Tant en profondeur qu'en hauteur. Cet espace se déploie des mètres derrières les enceintes (et occupe tout le volume de la pièce en enfilade se trouvant derrière elles, où est le piano), et d'où émergent les chanteurs dans un opéra, par exemple, comme du fond de la scène. Impossible de réaliser pareil effet dans une pièce plus petite, et/ou au plafond plus bas (même si les enceintes, trapues, sont en fait assez compactes, et pas très hautes).
Les timbres ne sont pas en reste.


 

 

 

 

 

Il y a un woofer de grave de chaque côté de l'enceinte.
Le grave est actif et contrôlé par DSP. Il y a 4 pré-réglages optionnels. Et une correction personnalisée peut être réalisée sur ordinateur portable, et envoyée dans le DSP par la connexion Ethernet.
 
 

Le tweeter est fait maison sur base d'un tweeter à cône Davis, dont seule la membrane du cône est utilisée.
 

Il y a également un tweeter arrière.
 


Mais le "clou du spectacle" est sans doute le 28cm Supravox de 97dB, "customisé" pour Boenicke (voir Largeur, ci-dessous)



Sven Boenicke étant très accessible et ouvert aux questions -y invitant même-, des infos glanées au gré de la conversation avec lui peuvent déjà répondre à certaines questions posées plus haut.


- non, ce ne sont pas des prototypes. Elles sont à vendre. Et le prix, additionné des taxes d'importation de 20% à l'entrée de l'EU, et de la TVA, est de €275.000 TTC. Avec, comme déjà dit, livraison, installation et optimisation à domicile par S. Boenicke personnellement.
Deux paires ont déjà été vendues, toutes deux en Allemagne.

- Largeur: elles sont plus larges que les autres modèles car une raisons d'être de cette enceinte est l'utilisation d'un 28cm Supravox à membrane papier traité. S. Boenicke a ensuite cherché à l'améliorer, entre autres avec un vernis pour violon. De sorte que tout, dans ce HP, est fait sur cahier de charge spécifique pour Boenicke, y compris la bobine mobile si j'ai bien compris. Ce medium de 28cm a un rendement de 97dB, et est non-filtré, donc en prise directe sur l'amplificateur. Il est rapporté ailleurs qu'un ampli à tubes de 2W Decware SE84UFO25 25th anniversary de 2,3 W ne suffit toutefois pas (le tweeter, lui, a un rendement de 101dB, et est derrière un filtre passe-haut comprenant 2 composants sur le trajet du signal, ce qui abaisse légèrement son rendement initial; il y a également un second tweeter, à l'arrière).
(Cessaro, enceintes à pavillon THG, utililse un Supravox assez proche sur un de ses modèles.)
 

La bande passante de ce HP Supravox est de 60Hz-10KHz. Aucune coquille: soixante Hertz, à -si je me souviens bien- 10KHz, dix-mille Hertz. L'inclinaison, d'env. 60° ici, a pour but de créer un "filtre acoustique" afin d'atténuer son extension dans les hautes fréquences pour permettre au tweeter de prendre le relai. Cette inclinaison a pour effet d'envoyer vers le plafond plus d'énergie que d'ordinaire, qu'il faudra gérer mais avec pour gain un sensation d'espace, de "volume" -entre autres en hauteur!- à l'intérieur duquel instruments ou chanteurs se positionnent précisément.

Tous les haut-parleurs sont "suspendus" pour les découpler de la caisse (elle-même suspendue et découplée des pieds reposant sur le sol). L'équipage mobile du Supravox est logé dans un "panier" (photo: au pied de l'enceinte, à droite), lequel est arrimé à la suspension qui le découple de la caisse; le système de suspension du panier abritant le medium Supravox a une fréquence de résonance de 7Hz (sept Hertz).
 

Intérieur de la caisse.
 


Pour terminer temporairement, quelques points:

(02-03-2024, 08:18 PM)hifitub a écrit : C'est vrai que la finition semble issue d'un kit. [ce n'est pas le sentiment qu'on a face à l'objet, que les photos, surtout les miennes, ne rendent pas]
Bien moins belles que les fines ! [ < le 28cm Supravox, comme dit]
Et puis, on perd le côté mystérieux que ces enceinte si atypiques pouvaient exercer.

Par l’aspect plus trapu, peut-être. Mais la beauté capiteuse de l'écoute n'en est que plus mystérieuse (NB: je ne connaissais que les W8 ceci dit)

(02-04-2024, 02:35 AM)lambrays a écrit : Vu l'intérieur de l'enceinte et les composants utilisés le prix s'explique. Et pour ce prix l'enceinte disparaît et l'on n'entend plus que la musique parait il [...]

C'est exactement ça.

(02-04-2024, 12:20 PM)hifitub a écrit : Pas d'accord,  rien ne justifie ce prix.

La plus ou moins récente envolée délirante des prix du THG me donne le tournis, et place le matériel simplement HDG hors de ma portée. Elle ne m'arrange pas, et je ne la cautionne en rien, mais on peut tout de même entrevoir des raisons à un prix élevé pour de petites productions "artisanales", requiérant de l'ingénierie et une étude préalable (là où un artisan potier, où un artiste peintre, peuvent "attaquer" l’œuvre plus directement).

3 ans de conception disait-il, avec de la sous-traitance de travaux vers des experts pointus dans leur domaine (dont beaucoup en Suisse), je suppose que ça représente un investissement considérable qui doit se distribuer sur chacun des exemplaires vendus, en petite quantité. Ça grève le prix unitaire, et c'est le lot de toute production d'objets techniques "d'ingénierie artisanale", en petite petite quantité (par opposition à une production industrielle).  

Est-on dans de "l'oligarch-audio" ? Je ne sais pas, vu que les Chinois ont démontré à Munich un "discret" système à pavillon de €2,6 millions. Il y a des années déjà, un magazine d’information généraliste rapportait l'anecdote suivante: un fabricant allemand de haut-parleurs avait un oligarque comme prospect, qui lui dit: "c'est bien, vos enceintes, mais vous n'avez pas plus cher?". Le fabricant lui a fait un modèle custom à plus de €300K (pour son yacht?), car il importait au groligarque de tenir son rang auprès d'autres groligarques de ses amis. Etc.
Tout ce que je peux dire est que le résultat musical est d'un raffinement rare qui devrait les préserver de ce type de personnage oligarchique. Lesquels préféreront de toute façon quelque chose de beaucoup plus voyant/bruyant.
Par ailleurs, S. Boenicke relatait que sur la W22, la fonction dictait tout, et qu'il n'y avait, sur ce modèle uniquement, aucune considération d'esthétique. Personnellement, j'ai senti chez l'homme honnêteté et sincérité.
(j'avoue honnêtement que je voyais initialement en l'enceinte W22 une tentative opportuniste de "prendre sa part du gâteau" chez les "1%"; mais en termes de conception et de résultats musicaux, on est clairement face à autre chose il me semble, même si les prix sont inaccessibles pour presque tous, et encore décourageants pour nombre de ceux qui ont le luxe de pouvoir les envisager vaguement.)

(02-04-2024, 12:32 PM)Gaston a écrit : Tu chipotes . Ce n'est que le prix de trois testarossa neuves 

Ah bon? je vois que Monsieur est bien informé...  ;-)
(par curiosité, je vois que c'est en fait beaucoup plus cher que ça, et d’occasion de 1991 encore bien)
De toute façon, une testarossa, c'est d'un vulgaire...