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La tournée des popotes
Très objectif. Très sympa comme CR. La complexité est décuplée pour le set up du multicanal. Je rendrais bien visite à Papytechnofil un de ces jours :-)
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Bonjour Minh
Cela me ferait beaucoup plaisir, vraiment! Je pense ne pas avoir converti Jalucine au multicanal même si il c'est montré poli Wink
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Le multicanal, c’est comme une religion : il y a le Pap’, des disciples, des missionnaires, des pélerins et des hérétiques à convertir :-)
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J'ai recyclé des Jalucine dans un multicana(ux). 

Aucune allergie au principe. J'aime bien le cinéma aussi.
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J’ai trois mentors en hifi, Jean Hiraga, Gilles Millot et Tom Hidley. Le dernier pour la conception des salles, Millot pour ses concepts dans la réalisation des enceintes, des filtres et du respect de la phase, et Jean Hiraga pour tout le reste. Lecteur assidu de la nouvelle revue du son et de la revue de l’Audiophile, j’ai tellement appris par ses articles sur les composants, les montages à tubes ou à transistors, les astuces de mise en oeuvre et le haut rendement, et enfin par ses reportages sur les fabuleux systèmes existant au Japon, que je lui dois quasiment tout dans le domaine.

Je l’avais vu lors des démonstrations de l’audiophile mais perdu de vue depuis sa retraite, un peu brutale mais liée à des ennuis de santé. J’ai vu que des audiophiles le visitaient par l’intermédiaire du forum mélodia et par quelques intermédiaires, j’ai pu obtenir LE rendez-vous de ma vie dans l’antre du maitre. Un sommet de la tournée des popotes.

Car évidemment, ce passionné de l’extrême n’a pas laissé tomber la hifi à la retraite et continue sans faiblir à optimiser SES systèmes sans relâche. Il avoue qu’il est arrivé à un résultat « not too bad », attitude de celui qui sait que le progrès est infini en hifi et même si on atteint un « graal », il y a encore plus loin le « nirvana acoustique», puis le shotage audio-encéphalique intégral absolu, puis la dissolution cérébrale en ondes musicales intemporelles ectoplasmiques, puis….

Heureux ceux qui sont contents de leurs systèmes, voire les considèrent parfaits, et l’assument, et ne se posent plus de questions techniques, et écoutent simplement de la musique.

Mais c’est l’enfer pour ceux qui ne trouvent jamais leur graal, qui changent continuellement leurs systèmes dans un parcours laborieux plein de fausses routes, voire d’impasses, et qui trouvent toujours des défauts qui leur gâchent le plaisir.

Et il y a pas mal de masochistes qui prennent plaisir à leur désespoir, et persistent sur leur chemin de croix d’essais et d’échecs, dans l’espoir ultime du nirvana, qui a toujours une chance de tomber à l’improviste.

Jean Hiraga, c’est d’abord la méthode, les tests appareil par appareil, composant par composant, et une accumulation de connaissance phénoménale qui permet des choix judicieux, des progrès et des résultats. J’étais avide de savoir où il en était de son savoir et de ses réalisations. Je n’allais pas être déçu.


J’arrive à l’adresse, Jean est toujours aussi passionné, accueillant et ouvert aux demandes des amateurs. Il a cherché longtemps pour trouver un local lui permettant de mener son projet. Volume, dimensions, hauteur sous plafond, de quoi loger 72 mètres cubes de laine de verre et de garder à l’intérieur une pièce de environ 10 x 6 x 5 m, avec 1,45 mètre de laine de verre au dessus du plafond apparent. Le coefficient d’absorption est de 21% et la salle n’apparait pas particulièrement mate avec des alternances de panneaux réfléchissants et absorbants, mais les ondes stationnaires et les modes sont très bien amorties, et c’est un facteur fondamental sur la qualité du grave que j’ai pu entendre. Il suffit d’un pic en dessous de 150 hz pour que tout le grave soit détimbré. Le traitement acoustique est issu des recherche de Shinichiro Ishii.

L’accumulation de matériel est impressionnante. D’un coté, une paire de Voix du Théatre Altec, une seconde en arrière, deux paires d’enceintes avec des JBL large bande de 38 cm  à filtre mécanique, associées à des tweeters de André Klein que l’on retrouve sur presque tous les systèmes. Enfin des colonnes tubulaires avec des hp de 11 cm tournés vers le haut, évent sous le pied et un tweeter à la base. Enfin le gros système à l’autre bout de la pièce, avec le pavillon replié Western Electric 15A. Je n’ai pas pu compter le nombre d’électroniques. Il y en a dans tous les coins.

4 écoutes à faire et on commence par les VOT 5. Jean me dit qu’il a beaucoup travaillé dessus et effectivement, il ne reste pas grand chose des modèles d’origine. Les HP Altec ont été remplacés par des Electrovoice 15W, première série, de 1960. L’aimant est colossal et une bague de bronze de 20 kg autour lui ajoute de l’inertie. Le panneau arrière est triplé en épaisseur. Le pavillon médium est un Philips 1505 imitation de l’Altec à 15 secteurs mais les parois creuses sont remplis de billes de plomb et de liège. Ces parois sonnent « mat » alors que la version Altec en métal sonne « métal ». Étonnant n’est-il pas !  Le moteur de compression médium est un Westrex 2090. On rentre dans l’histoire. 

Le tout est complété par ces fameux tweeters d’André Klein, extrapolés des Lansing 2402 avec un pavillon plus ouvert et une excitation nourrie par une alimentation régulée ou bien par une batterie qui donne un résultat sensiblement meilleur. Il est filtré par un simple condensateur au mica fabriqué sur commande spéciale. Le filtre du reste est un filtre intégré série-parallèle dont je n’ai pas le schéma.

L’ ampli est un push-pull de 300 B spéciales, Emission Lab 300B-XLS, plus grosses que les habituelles, où les problèmes de vibrations internes ont été fortement réduits par des renforts appropriés, et le vide interne amélioré par deux jours de pompage au lieu de deux heures. Le modèle est le VAC Renaissance 30/30 MK2. La source est un transport CD TEAC DV50 première version. Le DAC est un vieux Philips avec un TDA 1547 avec pas mal de modifications et de composants ajoutés. Il comprend un potentiomètre de sortie à plots. Pas de préampli actif. Tous les câbles sont en argent pur.

[Image: ZxIKRE.jpg]

[Image: C7xxxT.png]


Et alors, l’écoute ???

C’est là où on comprend que couper les poils de mouche en quatre dans le sens de la longueur sert à quelque chose, car tous les critères d’une magnifique écoute sont à 100 %. Dynamique, transparence, résolution, image, qualité du grave, extension dans l’extrême grave, fluidité sur tout le spectre, présence des instruments et des voix, naturel de tout, micro-détails, acoustique du lieu d’enregistrement. Les VOT sont habituellement faibles en extrême grave, pas là. Je suis sidéré par le résultat dans le grave obtenu à partir de 300B. Bien sûr, la salle joue beaucoup, mais un grave aussi bien controlé, modulé, naturel dans ses timbres, dynamique, sans trainage, j’en ai pas rencontré dans la tournée, même si quelques uns étaient déjà de haut niveau. Si quelques amateurs veulent se faire une idée de ce qui devrait être qualifié de « bon grave », il faut faire un tour chez Jean. Les qualités du médium et de l’aigu ne sont pas en reste. Que du bonheur. Le tweeter de Klein assure aussi bien que les Goto ou Onken, et en plus, ils sont capables de prendre en charge le haut médium à partir de 2500 Hz, et donc permettre l’utilisation de pavillon médium qui eux descendent vers 450 Hz, facilitant la liaison au grave.

Une écoute d’une telle qualité surclasse tout ce que j’ai pu entendre de matériel commercialisé, quels que soient leurs prix, et quand on considère que cela part d’un vieux lecteur CD, d’un DAC de base un peu bricolé et d’un ampli à tubes de 30 W en mono-amplification, on se pose des questions sur l’escalade infernale du HdG. Mais bon, tout le monde n’est pas Jean Hiraga pour mettre en oeuvre du matériel qui a de la bouteille, même si certains sont des crus exceptionnels.

On est passé ensuite sur les enceintes avec un Lansing de 38 cm large bande à filtrage mécanique (la membrane comprend une suspension entre une zone centrale et une zone externe qui ne suit le mouvement que pour le grave), plus tweeter Klein. L’enceinte est ouverte à l’arrière et fonctionne en dipôle. Après les VOT super améliorées, ce n’étaient certainement pas en leur faveur. Certes le médium est comparable à beaucoup d’autres enceintes de qualité, mais le grave n’a pas du tout la résolution de la VOT. C’est une curiosité. 

[Image: R7f797.jpg]

Ensuite on a écouté les tubes verticaux avec des HPs large bande de 11 cm qui ressemblent à des fostex ou des technics mais sont d’une marque différente pas disponible en France. Le HP est donc tourné vers le haut. Une plaque ronde d’environ 40 cm sert de pied et d’évent laminaire. Les tweeters genre Lansing 2402 sont posés sur la plaque de base, orientés à 45 ° vers le haut. Encore des curiosités. Malgré le mini HP, l’équilibre est bon. Il y a de la matière. Il y a du grave. Et il se forme une image sonore qui remplit très bien l’espace. Les enceintes sont alimentées par un mini ampli Douk Audio ST-01 que l’on voit posé au milieu sur un ampli OTL plus consistant. Ce mini-ampli fait 2 x 100 W et à ce prix et vu le résultat, je vais l’essayer chez moi vite fait. 

Dernière étape : le « gros »  système avec les pavillons repliés WE 15A. Leurs chambres de compression sont des Lansing 2450J revus par Meyer Sound et avec une nouvelle pièce de phase pour adapter le moteur au pavillon. Ils ont été mis en place depuis 3 ans en remplacement des moteurs d’origine WE555W pour rechercher une bande passante plus étendue dans l’aigu. En effet, ils montent ainsi à plus de 18 khz avec peu d’atténuation et on peut presque se passer de tweeter. Néanmoins, il y a quand même les Klein de service, plus des JBL 2402 dirigés vers l’embouchure du pavillon pour une diffusion plus large, et encore une paire de 2402 sous le pavillon dirigés vers l’arrière.

Le grave est assuré par un 38 cm University, rare boomer qui est linéaire jusqu’à 30 hz sur un baffle plan standart de mesure, ce qui est exceptionnel. Sur le moteur du HP est fixé un tube métallique rempli d’un rouleau de plomb, la masse totale atteint 82 Kg. L’ensemble est suspendu par des ressorts dans un berceau pour ne pas transmettre de vibrations au sol. L’isolation est de 72 db. Le HP est fixé sur un baffe carré d’environ 70 cm lui même découplé par un joint caoutchouc du plus grand baffe plan de taille standart (de mesure). Le fonctionnement n’est pas exactement un dipôle car il y a derrière une « enceinte » en panneau de laine de bois de 12 cm d’épaisseur, doublée sur la paroi arrière, et qui doit quand même amortir pas mal l’onde arrière. Un panneau de bois fait la paroi supérieure qui soutient le grand pavillon et les éléments du filtre. 

Le filtrage joue vers 210 hz. Il est en série-parallèle, comprend de très nombreux éléments qui d’après ce que j’ai compris linéarisent le pavillon, sans coupure vers le haut. Les selfs sont des Mundorf Zéro ohm à ferrite. Le tweeter est filtré à part par un simple condensateur au mica. Il y a des résistances au carbone "faites maison".

[Image: Gp97t5.jpg]

[Image: x95sNN.png]

[Image: VYrz9T.jpg]


L’ampli est un classe A conçu par Jean, dit « le monstre », de 7 watts, mais avec une alimentation énorme et six condensateurs gros comme des boites de cassoulet. Devant un TEAC et le DAC Philips modifié. Donc voilà, tout est hors normes, rien de cela n’existe ailleurs ou presque,  et l’aventure hifi est totale. L’écoute est à la mesure. Capacité dynamique énorme, aisance du système pour reproduire tout ce qu’on lui donne à manger. Les choeurs, les voix graves passent avec un équilibre, une résolution et une présence rare. Néanmoins après l’enchantement des VOT améliorées, peut être que l’on a une attente encore plus grande vis-à-vis de ce système encore plus impressionnant, et on est impressionné, mais si certaines caractéristiques sont sûrement supérieures, la mise au point ne semble pas aussi aboutie que les VOT, où bien la surface d’émission demande un peu de temps pour s’habituer. De toute façon, sur un tel système, il faut des dizaines d’heures et des centaines d’enregistrements pour en connaitre la substantifique moelle. Il faudra que je repasse !

Voilà. J’ose parler de l’installation de celui qui en a décrites des dizaines parmi les plus extraordinaires au monde. J’ai encore appris plein de choses. J’ai constaté encore l’immensité de ses connaissances dans le domaine. J’ai pu voir que les détails peuvent compter autant que des éléments ou des appareils de prestige à des prix stratosphériques.

Outre les qualités musicales des différents systèmes, j’ai été particulièrement surpris et interpellé par l’ampli VAC Renaissance 30/30 MK2, les tweeters de André Klein, les résultats remarquables de la lecture des CD avec du vieux matériel certes modifié. Certains accessoires sont aussi à considérer, comme l’usage  de batteries sur les HP à excitation, doublées de condensateurs de x 25 Farads (et non micro-farads), destinés habituellement aux circuits de camions, avec une technologie japonaise reprise par les chinois, et qui doit apporter une régulation particulière sur les alimentations. Ces condensateurs malgré leur capacité restent d’un volume comparable à des grosses piles cylindriques. Il faudra que je trouve où les commander. J’avais déjà ce type de condensateur sur mon pré-pré-ampli pour cellules à bobine mobile. 

Je n’ai pas écouté de vinyl et c’est dommage, parce que Jean considère obtenir de meilleurs timbres qu’avec les CD. La platine est une Linn Sondek des premières séries, bras Fidelix Zero Side force, avec une articulation dans le plan horizontal entre le bras et le support de cellule, destiné à laisser la cellule suivre facilement les excentrements habituels des disques vinyl. Je ne comprends pas bien ce principe très éloigné de ce que nous a appris Pierre Lurné. Faudra écouter.

Reste qu’après ces écoutes, on a beaucoup de questions à poser sur les choix des éléments, l’usage de composants spéciaux, les modifications apportées. Il y a tellement d’originalités qu’on se demande si l’objectif unique est d’obtenir le meilleur résultat en reproduction musicale, ou de tester des solutions rares et des matériels anciens dont la fabrication serait très onéreuse et peu commercialisable maintenant. Ou de prouver que des choses faites il y a près d’un siècle tiennent la dragée haute au très haut de gamme actuel. Ou la nostalgie de ces époques où la passion poussait les fabricants à faire des choses exceptionnelles et dont on veut entretenir la mémoire avec la science d’un Jean Hiraga.

Par exemple, j’ai posé la question de savoir pourquoi le grand système n’avait pas été géré par une multi-amplification qui aurait certainement simplifié la mise au point. Jean m’a répondu que l’on rencontrait avec la multi-amplification des difficultés à garder un équilibre correct autant à niveau bas que moyen ou fort. Une firme comme Rey Audio qui fabrique du matériel professionnel préfère les filtres passifs même complexes pour garder cet équilibre à tous les niveaux. Comme quoi il y a toujours des compromis. On peut lâcher du lest sur la phase pour garder des timbres satisfaisants à tous les niveaux. 

En tout cas, je constate que l’on a tous les deux le souci de bien gérer les vibrations parasites des haut-parleurs à la source en augmentant leur inertie par des tubes ou des bagues lourdes, et le choix du haut rendement pour arriver aux meilleurs résultats. 

Merci infiniment à Jean Hiraga pour son accueil et son partage de compétence.
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La visite d’une vie , bravo!
La hifi est femme. Imparfaite par nature, on la choisit pour ce qu'elle a, pas pour ce qu'elle dit avoir. Mais si on voit ses défauts avant ses qualités, on est pas fait pour en avoir une, mieux vaut se soulager sous la douche, en écoutant la radio.

Ventes  à venir ou en cours (MP si intéressé pour en discuter): Leedh E2 Glass + caisson 20.1, Coincident Statement Linestage, blocs mono Coincident SE845 Turbo
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Merci pour ce descriptif détaillé de systèmes exceptionnels conçus par un homme non moins exceptionnel!
Merci de bien avoir voulu rester après la lecture pitoyable du CD de test alors que tes oreilles venaient d'écouter ces merveilles!
(J'ai aussi trouvé pourquoi le résultat était si médiocre en lecture CD sur le drive).
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Merci Philippe pour ce récit passionnant.
Cela donne envie d'aller à la rencontre de Jean Hiraga dans son contexte.
Webzine multi-média : http://www.magazine-audio.com
Junilabs Audio Player, Jundac 6 (R2R), CDP integris, Amplificateur B&K 200.2 S Reference,
Open Baffle PureAudioProject Trio 15 Horn 1, Juniwave 2 Edition limitée, FirstVoice Powertore 450 Signature - FV doctor’s câbles et inovaudio.


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Bonjour à tous ," Jalucine , Papytechnofil , Euterpe " 

@ " Jalucine"  
      Jean Hiraga , ah oui , il a bercé mes lectures de magazines de Hifi , félicitations pour cette rencontre 
      Et ce beau CR . 
      Tiens , cette rencontre me rappelle que j'ai rencontré son alter égo à la NRDS , Robert Lacrampe , il y a quelques années .

@ "Papytechnofil " 
     François je suis preneur de la raison de cette contreperformance .

Cordialement .
LAND2G
Source : Cd YBA Passion 430 MK2 et Grandinote VOLTÀ   // Ampli : Grandinote SHINAI
Enceintes : EBM L5-C  // Câblerie : ALEF & EBM . Made in France 
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Hello Gérard
Le drive Nuprime avait été acquis pour la liaison I2S sur le Tambaqui avec un excellent résultat. Depuis le départ du Tambaqui je n'ai en dispo pour le drive qu'une liaison Toslink théoriquement suffisante. Je me suis rendu compte en cherchant un peu que la fibre 1er prix présente un dommage suite à un coincement, je dois la changer!
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