Un peu d'Archéologie

[Labricole]

Quand j'avais 10 ans, mon Père a acheté ce Grundig Concert Boy 1000.
Ce n'était pas encore l'ancêtre de la boombox, mais presque, car il peut fonctionner aussi à piles !
Aujourd'hui j'en ai hérité et il fait partie de ma collection vivante.  Je m'en sers fréquemment et tout marche très bien.
Excellent son que l'on ne retrouve plus. Un petit chef d'œuvre avec ossature en bois !

[Sin Nombre]

Ah! Les vieilles radios Grundig! J'ai vu que cette "concert boy" remonte aux années 1971/1973: Un peu plus ancienne que celle que j'utilise quotidiennement depuis 25 ans: Une "Satellit 2100" achetée neuve par mon grand-père en 1978. A 8 ans, j'avais jamais vu un engin autant incroyable avec un son pareil! Même qu'avec son casque Koss, on pouvait écouter des gens échanger comme si on était avec eux!
17 ans après, c'est moi à qui cette fabuleuse radio est revenue. Bien sûr, elle me suit fidèlement, toujours égale à elle-même à 42 ans. Elle fait partie des objets auxquels on tient, c'est comme çà!

Mais c'était une autre époque... En 1978, mon grand-père, avec son meilleur ami "radio-amateur", communiquait avec des gens du monde entier et m'expliquait fièrement: "Tu vois, avec ces choses merveilleuses de la technique, tous les gens du monde entier vont pouvoir se parler et comprendre qu'ils aiment des choses semblables. Et avec ces nouveaux outils au service des gens, le monde sera plus beau, meilleur et plus fraternel! Si tu deviens un grand technicien… Bon! En attendant, va retrouver tes copains hippies, je sais qu'il te font découvrir de bonnes chose!"
1978... Les gens croyaient encore au merveilleux, même un gars de 67 ans qui avait fait la guerre et connu la déportation, comme son ami technicien hautes-fréquences avec lequel il pensait faire la paix dans le monde... C'est con, non, de voir comment on a "évolué"?
Aussi, chaque fois que je tombe sur un des ces objets-témoins d'une époque révolue où les dernières utopies vivaient encore, j'ai envie d'en prendre soin, de les sauver…
C'est idiot dans la mesure où je ne suis pas devenu un "technicien éveilleur de la proximité entre les peuples destinés à fraterniser pour toujours" mais juste un type qui a peur de la guerre, croit profondément en l'altérité et n'a plus grand chose du "hippie technicien" qu'il voulait être à 8 ans!
Putain de vie!

[Labricole]

Merci pour ce  commentaire rétro plein de souvenirs.
Moi aussi j'ai fait de la radiocom durant environ 5 années. Et je partage tellement le fait que la communication mise entre toutes les mains (téléphone portable, Internet) est destructeur plutôt que "fraternisateur"  . J'ai vu ce que nous sommes devenus, et ça rend malade un professionnel de l'électronique comme moi.
C'est ce qui me fait aimer ces machines. D'autant plus qu'elles sont réparables et modifiables à souhait  

[Sin Nombre]

Après, mais je crois que ce généreux hors-sujet ne te blessera pas, je ne sais pas trop comment réagir. Dire que "la communication entre toutes les mains est destructeur plutôt que fraternisateur", je le crains aussi.
Je crois qu'au temps des techniciens de l'innovation, pour l'époque, il y avait une soif d'exiger l'aboutissement d'utopies: Il étaient les premiers et donc, il fallait avoir des retours comme quoi, ce qu'on faisait, c'était bien. Bien et nécessaire! Après, je crains que mettre cette rencontre avec le monde entier dans un immédiat a été une catastrophe: Il n'y avait plus de missions de paix depuis des gens qui avaient connu les guerres, les camps, et,  il est donc advenu le temps des jouisseurs de l'instant présent qui n'étaient plus dans la quête d'une improbable fraternité universelle mais d'une auto-affirmation globalisée depuis une échelle dont les instigateurs ne maîtrisaient même plus leur délire de "tout-monde désincarné" qui était devenu "hors-utopie" et donc hors "paix perpétuelle"...
D'où le pragmatisme à gerber de l'à présent… Juste soi, bien conforme et les autres en face de soi à abattre. Les années 70, c'était hier. Demain, c'est le vide: La dématérialisation et participer d'un vide où nul n'est soi-même… Tristes années 20 qui s'annoncent...

[Labricole]

Après, mais je crois que ce généreux hors-sujet ne te blessera pas, je ne sais pas trop comment réagir. Dire que "la communication entre toutes les mains est destructeur plutôt que fraternisateur", je le crains aussi.
Je crois qu'au temps des techniciens de l'innovation, pour l'époque, il y avait une soif d'exiger l'aboutissement d'utopies: Il étaient les premiers et donc, il fallait avoir des retours comme quoi, ce qu'on faisait, c'était bien. Bien et nécessaire! Après, je crains que mettre cette rencontre avec le monde entier dans un immédiat a été une catastrophe: Il n'y avait plus de missions de paix depuis des gens qui avaient connu les guerres, les camps, et,  il est donc advenu le temps des jouisseurs de l'instant présent qui n'étaient plus dans la quête d'une improbable fraternité universelle mais d'une auto-affirmation globalisée depuis une échelle dont les instigateurs ne maîtrisaient même plus leur délire de "tout-monde désincarné" qui était devenu "hors-utopie" et donc hors "paix perpétuelle"...
D'où le pragmatisme à gerber de l'à présent… Juste soi, bien conforme et les autres en face de soi à abattre. Les années 70, c'était hier. Demain, c'est le vide: La dématérialisation et participer d'un vide où nul n'est soi-même… Tristes années 20 qui s'annoncent...

Merci pour cette analyse presque philosophique a laquelle j'adhère. La tranquillité n'est plus qu'un souvenir.
Je n'ai rien contre l'évolution technique si elle reste contrôlable. Aujourd'hui le moindre appareil entraine l'acceptation obligatoire d'une connexion à une multitude de "services" qui engendrent des agressions perpétuelles.
C'est ce flot devenu incontrôlable pour mieux nous contrôler qui a transformé nos rapports aux autres.
Je me console sur nos anciennes machines qui parlent vrai, et simplement quand on le leur demande.

[lamouette]

Je suis de tout coeur avec vous, j'adore ces postes et leur son.
Aujourd'hui plus on est "connecté" plus on s'éloigne des autres, même en groupe les gens s'isolent sur leur écran, c'est dramatique. C'est un parcours du combattant pour essayer de supprimer tous les espions informatiques, ça revient toujours, tel un virus.

[Labricole]

Je suis de tout coeur avec vous, j'adore ces postes et leur son.
Aujourd'hui plus on est "connecté" plus on s'éloigne des autres, même en groupe les gens s'isolent sur leur écran, c'est dramatique. C'est un parcours du combattant pour essayer de supprimer tous les espions informatiques, ça revient toujours, tel un virus.

Ca fait plaisir à entendre (lire)…